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Les cendres sont fertiles

from Les cendres sont fertiles EP2 by IsaAc Bonnaz

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lyrics

- Les cendres sont fertiles -

Suis-je le seul à me rappeler mon nom? Indicible. Roi errant, solitaire. Prémonitoire.
C’était il y a quelques heures. Ou bien quelques années. Peu importe. Elles ont quitté ce lieu sans un mot.
Cendres et poussière.
Au cœur de la nuit, Je me réveille en nage.
La ville dort. Silencieuse, emmurée. Monde d’hommes aliénés.
La lune orange éclaire les toits.
À l'horizon, l’Ombre surplombe les anciennes habitations. Vestiges d’une civilisation effacée.
Aujourd’hui, nous ne pouvons, nous ne savons même plus imaginer. Notre désir est éteint. Il nous reste la nécessité. Nourrir la machine. Machine biologique. Oxymore.
Naître. Mourir. L’entre deux importe peu.
Le vide broie mes entrailles. Il fige chacun d’entre nous, mais personne ne le perçoit.
Personne ne le nomme.
Personne ne le pénètre.
A chaque réveil, le désert m'envahit. A chaque silence qui éclate, la morsure se ranime.

Magnifique silence. Il contient toutes les tentatives, tous les cris étouffés, tous les mots trop grands pour être dits.
Le vertige comme repos.
Je rêve d’elles chaque nuit où la lune se teinte de feu. Hormis dans mes sommeils agités, je ne les ai plus jamais croisées.
Je n'ai pas droit à la parole. Le dialogue est banni.
Seules résonnent les psalmodies lancinantes des voix désincarnées, synthé- tiques, saturées, inhumaines.
Je me demande si les autres hommes sont eux aussi tourmentés par des interro- gations, par un élan charnel...
Ou bien s’ils ont oublié.
Oublié ce qui leur manque. Oublié les femmes, les autres, les luttes. Oublié les amours, les amitiés, les libertés.
Il s’impatiente à côté de moi. Il peste à chacune de mes respirations, à chaque clignement d'œil.
Je respire encore. Il prend mon pouls. Je goûte encore une fois l’amertume de cette absence et de ce silence.
J’ai crié, j’ai murmuré, je me suis exclamé, révolté, puis tu.
Il semble que les autres ne comprennent plus, leur imagination est fossilisée.
Au début, je n’ai pas saisi. Il m'a fallu m’épuiser à l’expression et la description des absences, des sourires, des dons, des luttes, des désirs... Il m’a fallu recueillir les rares paroles, les voix. Il m’a fallu me rappeler, creuser mes souvenirs comme on creuse un puits.


Eux ne peuvent ou ne veulent plus s’imaginer, se représenter. Je suis eux, et ils sont moi... Ma lutte s’évanouit.
L’obéissance a broyé notre créativité, elle a asséché la source de nos désirs. Occupés à refuser de mourir, nous avons oublié de vivre.
Il paraît qu’il faut une longue vie de traversée du désert pour passer d’une menta- lité d’esclave, à une mentalité de femme ou d’homme libre.
Il nous a fallu quelques heures pour accepter notre esclavage, pour l’intégrer et fi- nalement le chérir. A moins que nous ayons en fait toujours été aliénés...
Cette journée commence par un crépuscule.
Méduse a croisé le fer avec Eros. Et elle a gagné, d’un regard foudroyant. Il a suffi d’un instant, d’un clin d’oeil fatal à l’humanité.
Éros pétrifié, l’humain ne vibre plus. Grâce crucifiée.
Et pourtant si... J’ai vibré... J’ai vu... Il y a longtemps... Tenir l’équilibre est dou- loureux... Exhumer les souvenirs...
J’ai vu mon père embrasser ma mère... Furtivement. J’ai perçu l'électricité crépi- ter dans l’atmosphère. J’ai entendu leurs voix contenir la foudre et la lave.
J’ai vécu la sensualité du désir dans les cris retenus.
Je suis le fruit de leur amour, de l’Amour. Pas l’idéal, ni le phantasmé, ni le plato- nique, ni l’absolu, mais le vrai, le subjectif, le relatif, le vivant, celui qui s’est incar- né, et qui s’incarne éternellement, animant chaque vie, chaque corps.
Il trépigne. Je sors de ma torpeur, sursaute.
Homme sans âge, une éternité pour une vie sans elles. J’ai rêvé tant de fois que leur appel brisait ma solitude.


J’ai brulé tant de fois par la fureur du désir parcourant mes veines.
J’ai composé tant de fois le goût des lèvres de l'amante, la saveur de ses mots, et le frisson d'un souffle d’enfant sur ma peau.
J’ai imaginé tant de fois aimer.
Je meurs d’une solitude délirante. Brisé par leur ordre et asphyxié par le vide. Les tombeaux blanchis hurlent leur néant. Cette absence est insupportable.
L’Autre n’est plus. Je ne suis plus, mon souffle s’éteint.
J’ai refusé la nécessité. J’ai inlassablement convié mon imagination au chevet de mes nuits, j’ai appelé la liberté.
Je les ai maintenues vivantes. Fiévreusement. Mortellement.
Fils du chaos et du désespoir, j’ai refusé l’attente vaine, j’ai refusé l’espoir et ses illusions. J’embrasse l’espérance.
Que puis-je offrir de plus fertile que les cendres de mon abîme? Celui d’un homme qui a brulé de vivre.

credits

from Les cendres sont fertiles EP2, released October 21, 2022
Isaac Bonnaz : musique, voix, enregistrement, mixage
Isaac Bonnaz et Claire Bonnaz : texte
Fred Flohr : Mastering

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about

IsaAc Bonnaz France

IsaAc BONNAZ, est chanteur et guitariste.

Accompagné d'un batteur et d'un bassiste, IsaAc nous fait voyager entre le Français et le Sango, entre les mélodies pop et les rythmes africains, entre les émotions brutes et la poésie.

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